Débats et polémiques : Le naufrage des comparses du Hamas (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 3 novembre 2011.

par Jacques Brassard

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 33 / AUTOMNE 2011 ]

(Cet article est paru initialement sur le blog de l’auteur : http://blogjacquesbrassard.blogspot.com/)

Le naufrage

De retour d’Italie, j’apprends que la brigade des gauchistes québécois et canadiens, à bord du Tahir, le « bateau canadien pour Gaza », n’a pas pu porter secours aux « affamés » du Hamastan, cette tyrannie islamiste toute entière pétrie de la haine des Juifs qui impose brutalement la charia à un million et demi de Gazaouis.

La marine grecque les en a empêchés et ils sont revenus bredouille du Proche-Orient. Gros Jean comme devant ! Un naufrage symbolique grotesque ! Ils auraient dû raser les murs. Pas du tout ! Incapables de prendre conscience du ridicule de leur déroute de marins d’eau douce, ils ont multiplié les imprécations contre Israël et le gouvernement Harper.

On pourrait se contenter de rire à s’en tenir les côtes, à la vue de ces pauvres guignols gauchistes qui se prennent pour les libérateurs d’un peuple « affamé-asservi-persécuté-enfermé », alors qu’en réalité, ils ne sont que les courroies de transmission de la propagande et de la mythologie palestiniennes.

Oui, on pourrait se bidonner ! Mais ce qui nous empêche de le faire, c’est le pénible constat que toutes les factions de la gauche québécoise (centrales syndicales, Québec Solidaire, ONG « humanitaires », intellos, catholiques de gauche, artistes) réussissent, grâce à la complaisance, pour ne pas dire la complicité, des médias, à donner au mensonge l’apparence de la vérité et à l’imposture le visage de la droiture. Tous ces bateliers amateurs ne sont en fait que les idiots utiles de la barbarie islamiste.

Faire croire à une crise humanitaire à Gaza est un mensonge éhonté. La population de la bande de Gaza est convenablement approvisionnée en nourriture, matériaux de construction, équipements de tous ordres, produits textiles, etc. Pour le seul mois de juin, près de 5 000 camions chargés de 118 000 tonnes d’aide humanitaire sont entrés dans la bande de Gaza. De plus, Israël fournit, de façon constante, électricité, eau potable et soins médicaux.

Si les comparses québécois du Hamas veulent observer une vraie famine et apporter de l’aide aux affamés, ils n’ont qu’à naviguer vers la Somalie et les pays d’Afrique de l’Est. Mais à Gaza, pas de famine !

Et si les habitants de Gaza subissent « l’enfermement », la répression et l’oppression d’une barbarie totalitaire, ce n’est pas Israël qui leur impose ces horreurs, c’est le Hamas, organisation terroriste, émanation des Frères Musulmans, entièrement vouée à l’éradication de l’État juif.

Comment ne pas être stupéfié devant tous ces gauchistes « humanitaires » qui sont devenus des alliés, des partenaires, des complices d’une organisation qui piétine et viole systématiquement les droits humains ?

Comment ne pas être stupéfié de voir ces « prosélytes de la Liberté » accuser l’État démocratique d’Israël de pratiquer l’apartheid, ce qui est une perversion aberrante du réel, et soutenir le régime inhumain et liberticide du Hamas ?

Arcanes insondables de l’aveuglement idéologique !

Comment peut-on expliquer cette hostilité obsessionnelle à l’égard d’Israël de la part de la gauche québécoise, des centrales syndicales aux « chroniqueux » patentés, en passant par Québec Solidaire et une fraction notable du NPD ?

La réponse est évidente, c’est qu’elle est antisioniste. Ce qui signifie qu’elle nie la légitimité et le droit à l’existence de l’État hébreu. C’est un État de trop. Il ne devrait pas exister. Il ne mérite pas d’exister.

J’entends déjà les chefs syndicaux, les députés, les intellos, les plumitifs protester et proclamer la main sur le cœur : « Non ! Non ! Bien sûr que non ! Nous ne nions pas la légitimité de l’État juif ! » Foutaise ! Fourberie ! Car si c’était vraiment le cas, ils prendraient leur distance avec le Hamas, le Fatah et l’Autorité Palestinienne qui, depuis 60 ans, refusent non seulement de reconnaître la légitimité de l’État juif, mais ne dissimulent pas leur volonté de l’anéantir.

Le Palestinian Center for Public Opinion a fait un sondage récemment chez les Palestiniens, qui révèle combien le lessivage intensif de leurs cerveaux, depuis des décennies, a été efficace.

61 % des répondants refusent qu’il y ait deux États vivant côte à côte, un État juif et un État palestinien.

72 % nient l’existence d’un passé historique juif de Jérusalem et 92 % disent que Jérusalem doit être la capitale de la Palestine et ne doit pas être partagée.

Enfin, 80 % pensent que des bataillons venus de tout le monde musulman doivent mener une guerre pour détruire Israël (ces chiffres proviennent d’un article de Guy Millière).

Quand l’abbé Raymond Gravel, les leaders de la CSN, de la FTQ et de la CSQ, les co-chefs de Québec Solidaire, des artistes « engagés », des activistes hystériques, des « chroniqueux » tonitruants, se rangent derrière la racaille islamiste et les caïds palestiniens, j’espère qu’ils ne sont pas idiots au point de ne pas se rendre compte qu’ils adhèrent ainsi à l’antisionisme virulent qui imprègne la propagande, la doctrine et la stratégie de toutes les organisations palestiniennes.

Je vais plus loin. L’antisionisme est l’avatar contemporain de l’antisémitisme. Écrivant cela, j’entends déjà les alliés objectifs des islamistes pousser des cris d’indignation et protester énergiquement qu’ils ne sont pas, au grand jamais, antisémites. Il faut comprendre que ces belles âmes ne veulent surtout pas être associées à la barbarie nazie et à l’Holocauste. Ce serait du plus mauvais goût dans les salons et les cénacles progressistes.

Il n’en demeure pas moins que pour être convaincu que l’État d’Israël est de trop dans le monde (c’est même le seul membre de l’ONU dont le droit à l’existence est nié), il faut forcément exécrer le peuple juif, il faut être judéophobe, c’est-à-dire antisémite.

Pierre-André Taguieff, expert en matière de judéophobie, met fort bien en relief le lien, je dirais ontologique, consubstantiel, entre antisionisme et antisémitisme :

Le postulat de la nouvelle judéophobie est le suivant : les Juifs constituent un peuple en trop. À cet égard, on note une continuité dans les formes de l’hostilité aux Juifs. La principale différence consiste dans le remplacement du grief de « cosmopolitisme » ou de « nomadisme » par celui de « nationalisme » ou de « colonialisme », les Juifs incarnant le contre-type du « sans-patrie » dans le vieil antisémitisme politique. Ils incarnent aujourd’hui le type négatif du « nationaliste » (colonialiste, voire « raciste ») dans le cadre de la nouvelle judéophobie à base antisioniste. Pour être humainement acceptable, les Juifs doivent disparaître en tant que Juifs. Or, dans la nouvelle vision antijuive du monde, la première étape de cette élimination n’est autre que la destruction d’Israël.

Et la boucle est bouclée. Antisionisme et antisémitisme sont les deux faces contemporaines de la plus vieille haine du monde.

Maintenant, si tous ces humanitaires compatissants, tous ces navigateurs secourables, tous ces gauchistes philanthropes, qui se lamentent sur leur bateau « échoué » en Grèce, veulent absolument secourir des affamés (des authentiques, cette fois !), ils n’ont qu’à affréter un « bateau pour la Somalie » (là où l’on crève vraiment de faim) ou un « bateau pour la Syrie » (là où Assad massacre son propre peuple et où des réfugiés, des vrais, s’entassent à la frontière turque). Leurs pulsions humanitaires pourraient y être pleinement assouvies.

Qu’en pensez-vous, chers bons cœurs généreux de la gauche vertueuse ? Un « bateau pour la Somalie », ce serait on ne peut plus à-propos, n’est-ce pas ? Non ? Ça ne vous intéresse pas, cher Amir Khadir ? Et vous, cher abbé Gravel ? Mais pourquoi donc ? Allez ! Vous n’avez rien à dire ?

Non ! Je vais donc le dire à votre place : il n’y a pas de Juifs en Somalie ! Pas plus qu’en Syrie ! Les Juifs n’ont rien à voir avec l’anarchie qui règne en Somalie, ni avec la famine qui y sévit. Les Juifs n’ont rien à voir non plus avec les massacres en Syrie. Par conséquent, ces famines et ces massacres sont sans intérêt. Seule compte la crise humanitaire fictive de Gaza, parce qu’on peut en attribuer la responsabilité à l’État d’Israël et au peuple juif.

Et elle n’a pas besoin d’être réelle, cette « crise ». Il suffit, comme l’écrit Laurent Murawiec, que « la guimauve sentimentaliste dégouline de tous côtés pour décrire la souffrance des Palestiniens », et aussitôt le fantasme de crise humanitaire pousse irrésistiblement les Vertueux de gauche à une compassion effrénée envers le Palestinien « affamé » en même temps qu’à l’exécration du « Juif raciste et impérialiste ».

Le bateau canadien pour Gaza n’a pas sombré dans la Méditerranée… mais dans le ridicule, ça oui !

On peut rire, sans doute, de ce « naufrage » loufoque, mais on doit quand même garder à l’esprit que la gauche québécoise a de nouveau accordé son soutien à une dictature sanguinaire, celle du Hamas (ceux qui en doutent n’ont qu’à visionner les exécutions de leurs adversaires du Fatah), et adhéré pleinement à la vision antisioniste et antisémite qui prédomine dans le monde arabo-musulman.

Et je vous avouerai que cette attitude et cette compromission idéologique de la gauche québécoise me donnent la nausée.

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