Feu la chrétienté et… bon débarras ! À propos d’un ouvrage récent de Chantal Delsol

Mise en ligne de La rédaction, le 27 mars 2023.

PAR MARIE-FRANCE JAMES

Qui est Chantal Delsol ?

Philosophe et politicologue, Fille d’un père biologiste, disciple de Charles Maurras et agnostique, Chantal Delsol a reçu sa formation classique dans un collège catholique de Lyon, sauf sa terminale effectuée dans un lycée laïque jugé plus probant en matière philosophique.

Sous la direction de Julien Freund qu’elle considère comme son maître, elle consacre sa thèse d’État aux problèmes de la monocratie dans l’Antiquité. Dès son premier ouvrage, La politique dénaturée (1987), on a reconnu la teneur intellectuelle de ses travaux, qui lui vaut une carrière enviable de professeur des universités. Depuis 2009, membre de la prestigieuse Académie des sciences morales et politiques, cette « libérale-conservatrice », s’affirmant telle, dispose d’un crédit notable auprès des catholiques, et serait proche des milieux traditionnels. Ce qui expliquerait l’excellente, mais néanmoins étonnante, réception de son funeste essai La Fin de la Chrétienté.L’inversion normative et le nouvel âge édité au Cerf en 2021. Par ailleurs, elle est l’épouse de Charles Millon, député sous le gouvernement de Raymond Barre.

Agonie de la chrétienté

Tout compte fait la civilisation chrétienne aura duré seize siècles, du règne de Théodose à la fin du IVe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle. Déjà à la Renaissance, les élites étaient aux prises avec le doute et amorcèrent un retour aux philosophies d’Épicure et de Lucrèce comme façon de combler le vide.

Depuis plus de deux cents ans, entendre depuis l’époque des Lumières et de la Révolution française, la chrétienté a livré combat de manière héroïque pour ne pas mourir. Mais principale ennemie de la modernité et centrale antilibérale du monde occidental, l’Église catholique a peu à peu perdu sa puissance, son aura et son influence, compte tenu, toujours selon Chantal Delsol, que la liberté moderne allait s’imposer comme un destin qui ne saurait fléchir. (…)