NOTES DE LECTURE – MICHEL ALLARD, PAUL AUBIN, FÉLIX BOUVIER ET RACHEL DESROSIERS, Une histoire de la formation des maîtres au Québec

Mise en ligne de La rédaction, le 16 décembre 2021.


[EXTRAITS DU NUMÉRO 63/AUTOMNE 2021-HIVER 2022]

MICHEL ALLARD, PAUL AUBIN, FÉLIX BOUVIER ET RACHEL DESROSIERS, Une histoire de la formation des maîtres au Québec, Québec, Septentrion, 2019.

PAR NICOLE GAGNON

L’illustre préfacier Normand Baillargeon salue avec enthousiasme ce « bel ouvrage » tandis que le vénérable Guy Rocher renchérit en « Postface », jugeant le produit « absolument nécessaire ». Je suis restée plus tiède. Si l’idée était de fournir un manuel ou une référence aux étudiants d’éducation, comme le laisse à entendre Baillargeon, le résultat risque d’être mal satisfaisant. Il ne s’agit pas d’«une», mais de trois histoires d’institutions de formation des maîtres : l’École normale Jacques-Cartier et son recyclage à l’UQAM, la Congrégation Notre-Dame, les Frères des Écoles chrétiennes. Et quoi qu’en aient perçu les deux faire-valoir, elle ne va pas sérieusement jusqu’à nos jours, le dernier demi-siècle étant schématisé en quelques pages. Faute de futur, une histoire trop contemporaine se ramène à une chronique. Les dernières années du XXe siècle sont cependant suffisamment refroidies pour prendre place dans la conscience historique et faire appel à un récit plus consistant, jusqu’à l’importante (et déplorable) réforme de 1994, qui passe ici presque inaperçue. L’auteur aurait pu se référer à l’étude de Jean Gould dans Main basse sur l’éducation, où la critique vigoureuse repose sur de bonnes données empiriques.

L’illustre préfacier Normand Baillargeon salue avec enthousiasme ce « bel ouvrage » tandis que le vénérable Guy Rocher renchérit en « Postface », jugeant le produit « absolument nécessaire ». Je suis restée plus tiède. Si l’idée était de fournir un manuel ou une référence aux étudiants d’éducation, comme le laisse à entendre Baillargeon, le résultat risque d’être mal satisfaisant. Il ne s’agit pas d’«une», mais de trois histoires d’institutions de formation des maîtres : l’École normale Jacques-Cartier et son recyclage à l’UQAM, la Congrégation Notre-Dame, les Frères des Écoles chrétiennes. Et quoi qu’en aient perçu les deux faire-valoir, elle ne va pas sérieusement jusqu’à nos jours, le dernier demi-siècle étant schématisé en quelques pages. Faute de futur, une histoire trop contemporaine se ramène à une chronique. Les dernières années du XXe siècle sont cependant suffisamment refroidies pour prendre place dans la conscience historique et faire appel à un récit plus consistant, jusqu’à l’importante (et déplorable) réforme de 1994, qui passe ici presque inaperçue. L’auteur aurait pu se référer à l’étude de Jean Gould dans Main basse sur l’éducation, où la critique vigoureuse repose sur de bonnes données empiriques.

Dans un chapitre préliminaire, Michel Allard, qui fut instituteur, professeur d’école normale et didacticien à l’UQAM, jette un « bref regard » sur l’état de l’éducation en Nouvelle-France et dans le Bas-Canada. À l’origine, l’éducation relevait des communautés religieuses : Jésuites, Ursulines, Congrégation Notre-Dame. Il fallut attendre le XIXe siècle pour que les pouvoirs publics entreprennent de s’en mêler : Institution royale (1801), à l’instigation du gouverneur, écoles des syndics (1829) à celle de la Chambre d’assemblée. Et il n’y a cependant rien de prévu pour la formation des maîtres, qui sont pour la plupart de qualité douteuse. L’événement important dans le domaine, c’est la publication en 1822 du manuel de pédagogie de Joseph-François Perrault. (…)