Notes de lecture. Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme

Mise en ligne de La rédaction, le 27 novembre 2019.

Richard Bastien, Le crépuscule du matérialisme, Paris, Éditions Salvator, 2019.

par Michel Léon

[EXTRAITS DU NUMÉRO 60/NOVEMBRE 2019-JANVIER 2020]

La doxa techno-scientifique contemporaine s’est largement bâtie sur l’exclusion de la métaphysique, considérée par maints chercheurs athées et leurs cohortes de sectateurs politiques comme le repaire de l’obscurantisme et de l’irrationalité. À partir de cette prémisse bourgeonnent deux pensées à vocation totalitaire: un système techno-marchand qui pose la science expérimentale, l’industrie et le marché comme des substituts mondains et exclusifs au salut chrétien; un fatalisme islamique qui pose un Dieu impersonnel et arbitraire en dictateur du monde, aux oukases inaccessibles à l’intellection humaine. Entre cette raison sans foi et cette foi sans raison, nœuds gordiens de la crise civilisationnelle qui désespère notre époque, Richard Bastien livre une mise au point historique et scientifique capitale: la Révélation chrétienne a ouvert la voie à un développement harmonieux de la science et de la foi, de la physique et de la métaphysique. D’ores et déjà, après une période d’hypnose, l’enfermement matérialiste apparaît comme un mythe crépusculaire. Les sciences expérimentales et leur mathématisation concourent non point à ordonner le chaos, comme le prétend l’égotique nominalisme, cancer d’une ère à la fois hystérique et dépressive, mais à contempler l’harmonie supérieure de la Création et à en éclairer la vie des hommes.

Richard Bastien expose les thèses athées, celles d’Auguste Comte, d’Ernest Renan, de Max Weber qui traitent les croyants de «grands enfants», de Thomas Henry Huxley, le «bouledogue de Darwin», de Carl Sagan, de Michel Onfray, d’Yuval Noah Harari et sa déification de l’intelligence artificielle… Le philosophe Daniel Dennett prétend dénommer les athées scientistes «les intelligents», à l’opposé des «obscurantistes». L’athéisme scientiste, témoignent-ils tous à leur insu, est l’efflorescence de l’orgueil. Leur thèse est affirmée comme un postulat. Le physicien athée Paul Davies assène que par principe «la science […] pose comme hypothèse que la vie n’a pas été faite par un dieu». Le biologiste Richard Lewontin affirme sans sourciller que le matérialisme exige «une adhésion a priori», élevé au rang d’absolutisme intellectuel. Le matérialisme opère désormais tel un outil de chantage idéologique sur une large partie de la communauté scientifique – malgré une bonne moitié qui admet la réalité d’une volonté suprême et originelle – et plus largement encore sur une population hypnotisée par la promesse fallacieuse d’un salut par l’objet et d’une déification de soi. L’opium du peuple n’est pas celui que Marx prétendit.

Le surgissement du matérialisme contemporain suit deux grandes étapes: une étape philosophique, qui affirme que la foi est incompatible avec la raison, et une étape scientifique, ou scientiste, qui prétend que la science, posant l’univers comme une gigantesque machine, s’oppose frontalement à la tradition judéo-chrétienne. Hors du quantifiable point de salut. Le contenu inclurait le contenant. Or, explique Richard Bastien, «ce qui s’oppose à la religion n’est pas la science mais une conception matérialiste de la nature».
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