Notes de lecture. Marcel De Corte, L’intelligence en péril de mort

Mise en ligne de La rédaction, le 27 novembre 2019.

Marcel De Corte, L’intelligence en péril de mort, édition établie et augmentée de notes par Jean-Claude Absil, Paris, Éditions de L’Homme Nouveau, 2017.

par André Désilets

[EXTRAITS DU NUMÉRO 60/NOVEMBRE 2019-JANVIER 2020]

Marcel De Corte

Marcel De Corte

À l’instar de Gustave Thibon, de Jean Brun ou de Thomas Molnar, Marcel De Corte n’est pas de ces philosophes qui cherchent par leur œuvre à nous soumettre «au plus net des esclavages», celui de «la parfaite et définitive fourmilière» (Valéry), qui est la somme des sans visages qu’évoque Jacques Ellul dans son étude sur la Signification biblique de la Grande Ville (Paris, La Table Ronde, 2003, p. 226-244).

L’intelligence en péril de mort couronne le cheminement de Marcel De Corte, cet écrivain prophète qui n’hésite pas à dénoncer l’intelligentsia de notre temps, celle qui veut que le monde «ne soit l’œuvre que de l’homme, un homme qui ne soit l’œuvre que de lui-même». Ainsi les trois fétiches en cause dans son livre sont Les Intellectuels et l’Utopie, Le Romantisme de la Science et L’Information déformante… «car le mot, annonçait Victor Hugo dont l’élan prométhéen était bien connu de ses contemporains, c’est le Verbe et le Verbe c’est Dieu». Mais les mots ne portent-ils pas en eux, selon la tradition rabbinique, la tentation du Veau d’or puisqu’ils «déflorent ce qui les dépasse» tout en donnant l’impression de tout comprendre, de tout maîtriser, de tout ordonner? «Nos mots nous enivrent, déclare le cardinal Robert Sarah, ils nous enferment dans le créé». Aussi sommes-nous appelés à en découvrir le sens. Car les mots cèdent aux trois tentations dont nous parlent les Saintes Écritures: la tentation de se nourrir uniquement du Monde, la tentation de se mettre exclusivement au service de la puissance technique, la tentation d’être le principal agent du pouvoir politique. D’où l’extraordinaire inflation verbale dont nous souffrons et qui débouche sur un «développement monstrueux des Mass Media of Communication».
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