Le monde sacré et le monde profane ne sont pas isolés: Entretien avec Zoltán Osztie

Mise en ligne de La rédaction, le 27 novembre 2019.

par Béla S. Király

[EXTRAITS DU NUMÉRO 60/NOVEMBRE 2019-JANVIER 2020]

Zoltán Osztie

Zoltán Osztie

Né à Sóvárad (Sarateni en roumain), un village situé en Roumanie dans la région de Transylvanie, Béla S. Király est un collaborateur régulier de Magyar Szemle (La Revue hongroise) , une revue publiée à Budapest. Magyar Szemle fut une revue prestigieuse entre 1927 et 1944, refondée en 1992 par le premier ministre József Antall et Gyula Kodolányi (rédacteur en chef jusqu’en 2017).

«Nous, chrétiens, nous avons un point d’ancrage dans notre vie. Dans le monde libéral et relativiste d’aujourd’hui, il est particulièrement important d’avoir un point de repère absolu. Il est vital, surtout pour la nouvelle génération, de trouver quelqu’un capable d’offrir une règle et une mesure», a expliqué le Dr Zoltán Osztie, président de l’Association des intellectuels chrétiens [hongrois], en 2010. J’avais ces mots présents à l’esprit lorsque j’ai invité, le premier dimanche de septembre, Zoltán Osztie, curé de l’église paroissiale Notre-Dame-de-l’Assomption de Budavár (Budavári Nagyboldogasszony-templom) à la Place du 15 mars à Budapest, pour une entrevue, après sa messe du soir.

(…) BÉLA S. KIRÁLY. De nos jours, on parle souvent de la relation entre Polonais et Hongrois, puisque dans l’Union européenne – à ne pas confondre avec l’Europe – on doit se débrouiller ensemble. Le destin polonais s’est ressoudé avec la religion catholique qui était une force cohésive à l’époque du communisme, et on espère qu’elle aura le même rôle à l’ère du néolibéralisme. Pourquoi notre foi n’est-elle pas aussi forte que la leur?

ZOLTÁN OSZTIE. Si l’on considère notre situation actuelle, il est évident que la crise est partout, que l’on se tourne vers l’est ou vers l’ouest. À l’est, où la religion et les croyants étaient persécutés à l’époque du communisme, on cherche un chemin. Si on regarde vers l’ouest, on constate que le libéralisme a déraciné la religiosité des gens, et même qu’il s’est attaqué à la religion du peuple. À première vue, on est face à une décadence occidentale et à une tentative de trouver une autre voie en Russie et en Europe orientale. Pris en tenaille, l’axe Nord-Sud de l’Europe centrale présente des possibilités qui lui sont propres. De point de vue politique, il correspond au Groupe de Visegrád [Hongrie, Pologne, République tchèque et Slovaquie]; cependant, d’un point de vue religieux, la Slovénie et la Croatie appartiennent aussi à ce groupe. C’est cet axe d’Europe centrale qui doit trouver son équilibre entre les deux moitiés du monde européen; il a un passé historique qui peut devenir un exemple, si nous réussissons à conserver notre esprit, notre foi et notre conscience. Nous n’avons pas été ruinés par le libéralisme au même degré que l’Occident; mais il n’y a pas non plus chez nous ce lien politique trop étroit entre l’Église et l’État comme celui que connaît la Russie, et qui est un lourd héritage de la dictature communiste. Les défis sérieux que nous rencontrons, comme par exemple l’immigration organisée, peuvent avoir pour effet de renforcer notre foi, et de nous donner confiance dans l’accomplissement de notre mission.
(…)

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