La vérité, c’est la démocratie: une lecture de 1984

Mise en ligne de La rédaction, le 10 juin 2019.

par Patrick Dionne

[EXTRAITS DU NUMÉRO 59/MAI-JUILLET 2019]

Edmond O'Brien dans 1984 (1956)

Edmond O'Brien dans 1984 (1956)

Conférence prononcée dans le cadre de la journée d’études politiques «Démocratie et Vérité», qui s’est tenue à la Bibliothèque Albert-le-Grand, à Montréal, le 23 mars 2019.

Il est éclairant de s’interroger sur les amours d’une époque. Ce qu’elle aime la révèle, la définit et la juge. Les Grecs aimaient les épopées et les éphèbes, les Romains, la satire et le pouvoir, le Moyen Âge, la Bible et le vin, la Renaissance, l’anatomie et la philologie, les Temps modernes, le trait et la poudre. Nous, nous aimons la psychologie et la littérature concentrationnaire. Je laisse la psychologie à son négoce – elle vient de monter avec un client – pour réfléchir sur les raisons qui ont fait du roman 1984 de George Orwell l’ouvrage le plus prisé de la littérature concentrationnaire. J’entends par cette dénomination d’une rigidité souvent cadavérique, une oeuvre dont le sujet est l’existence carcérale. Il peut s’agir d’un récit véridique ou romancé, ou d’une fiction. Le cadre peut être un pénitencier, un camp d’extermination, une cité, un pays, une simple chambre ou l’univers entier, et les événements peuvent appartenir au passé, au présent ou au futur. Cette littérature est née dans la convulsion révolutionnaire, avec les Cent Vingt Journées de Sodome du marquis de Sade, qui racontent les sévices que des aristocrates font subir à des enfants séquestrés dans un château isolé. Évidemment, l’exaltation de « l’état de nature » finit dans le sperme, le sang et les excréments.
(…)

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