Du balcon de l’Amérique. Une civilisation à préserver?

Mise en ligne de La rédaction, le 22 mars 2018.

par Jean Renaud

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 56/FÉVRIER-AVRIL 2018]

Décadence (1847)

Décadence (1847)

Il n’y a plus de sens, plus d’oreille, plus d’odorat, plus de tact, plus d’histoire, plus de voyage, plus d’amour, plus de nature, plus de surnaturel, plus d’enfer, plus de ciel, plus de mer, plus de visages, plus de Bible, plus de bêtes, plus d’anges, plus de géants, plus de nains, plus de baleines, plus de coquillages, plus de navires, plus d’Odyssée, plus de Pôles. (Charles-Albert Cingria)

Sur la mer des idées, les naufrages ne sont pas rares. On y rencontre bien des écueils, et de toutes sortes. Un des plus habituels est de perdre de vue l’essentiel au profit des choses secondaires (qui sont légion). Ce défaut comporte des avantages matériels: il permet de rester au diapason avec les passions des foules et l’apathie des élites. À l’inverse, être attentif aux choses permanentes plutôt qu’à ce qui se passe et donc à ce qui ne cesse de passer nous met à contre-courant. Le «conservatisme», lorsqu’il se veut une véritable sagesse politique et humaine, nous incite à nous détourner de cette profusion d’images qui se bousculent, se succèdent et s’oublient aux dépens de ce qui dure et persiste. Tous ces événements, bruyants ou voyants, ont beau troubler ou exciter les badauds et les distraire de la recherche des causes, celles-ci, indifférentes à l’étourderie et à l’inattention de ceux qui les ignorent, n’en continuent pas moins d’agir et de tisser leurs toiles autour des peuples moribonds.
(…)

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