Notes de lecture. Yvan Lamonde et al., Dictionnaire des intellectuel.les au Québec

Mise en ligne de La rédaction, le 18 novembre 2017.

Yvan Lamonde, Marie-Andrée Bergeron, Michel Lacroix et Jonathan Livernois, Dictionnaire des intellectuel.les au Québec , Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2017.

par Nicole Gagnon

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 55/NOVEMBRE 2017-JANVIER 2018]

Le prolifique historien des idées Yvan Lamonde et ses collaborateurs se sont inspirés d’un Dictionnaire des intellectuels français (Julliard et Winock, 2009) ainsi que d’un ouvrage sur Les Intellectuels en France (Ory et Sirinelli, 1986), pour réaliser un équivalent québécois. La définition française de l’intellectuel – celui qui applique à l’ordre politique une notoriété venue d’ailleurs, avec les figures emblématiques de Zola et de Sartre – leur est cependant apparue trop restrictive, excluant ceux qui se sont auto-institués en faisant l’économie d’une notoriété préalable. L’intellectuel de leur ouvrage sera donc celui qui tient «un discours critique médiatisé […] et porteur d’idées novatrices». Plus précisément: celui qui intervient publiquement de façon intense et fréquente, «à propos d’enjeux collectifs significatifs», en incarnant la liberté d’expression, et qui a laissé des traces écrites. Sauf qu’ils n’ont pas toujours appliqué ces critères, pour tenir compte de «divers cas problématiques et quelques contre-exemples» (p. 14). Plus généralement, dans toutes ces écritures en provenance d’experts, d’idéologues, de militants, de littéraires, de philosophes, de sociologues… isoler une pure fonction intellectuelle ne va pas de soi, comme on le ressentira à compulser ce Dictionnaire.

L’intellectuel se définissant par une fonction et non par un statut, il peut ne l’être que provisoirement, tardivement ou ponctuellement. Les auteurs ont donc retenu aussi bien des hommes d’un seul livre que des essayistes de longue durée, tels Jean-Paul Desbiens et ses Insolences… ou Jean Bouthillette avec son Canadien-français… réédité deux fois. Ils ont par contre passé outre à cet autre homme d’un seul livre réédité deux fois, dont le Journal d’un inquisiteur relève plutôt de la diatribe paranoïaque que de la lucidité. Je serais tentée de porter un jugement analogue sur le Refus global, ce qui n’aurait pas pour autant disqualifié le Borduas des Projections libérantes subséquentes, que Jacques Ferron, allié des Automatistes, tenait en meilleure estime et même si «l’ouvrage reçut un accueil glacial» (p. 70).
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