À la pointe du calame. Persévérer dans le bien: Entretien avec Thomas d’Aquin

Mise en ligne de La rédaction, le 18 novembre 2017.

par Benoît Miller

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 55/NOVEMBRE 2017-JANVIER 2018]

Thomas d’Aquin

Thomas d’Aquin

[ Autour d’une traduction française récente de ses Commentaires des deux épîtres aux Thessaloniciens, préface par Jean-Michel Garrigues, o.p., introduction par Gilbert Dahan, traduction et tables par Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy, o.s.b., annotation par Jean Borella et Jean-Éric Stroobant de Saint-Éloy, o.s.b., Paris, Cerf, 2016.]

Benoît Miller – Maître Thomas, vous dites dans votre Commentaire sur l’Évangile de saint Jean que «seule l’Écriture canonique est la règle de foi». Cette formulation n’est-elle pas l’argument protestant de la singularité biblique, de la sola scriptura?

Maître Thomas – Je ne dis pas sola scriptura selon l’idée réduite des Réformateurs. Je dis sola scriptura pour nommer le pain et l’eau de la doctrine catholique, pour reconnaître ce à quoi se nourrit l’Église vivante, sa Tradition et son Magistère. Que ce soit la catéchèse, la liturgie, les lettres encycliques, les documents conciliaires, le développement dogmatique, la réflexion théologique, le Symbole des Apôtres, tout est pétri de la Parole divine déposée dans les Saintes Écritures.

B.M. – D’où l’importance de l’exégèse.

M.T. – L’Église ne cesse de se référer à l’Écriture et de l’interpréter avec le secours de l’Esprit Saint. Chaque lettre de l’Écriture a une nature polysémique qui transcende l’intention de l’auteur sacré : celui-ci étant bien sûr le prophète, le sage, l’évangéliste ou l’apôtre. Vous savez, l’écoute de la vérité se manifeste dans le florilège des nuances diverses de l’interprétation. Le seul exégète qui prétend saisir toute l’Écriture d’un seul trait, absolument parlant, est Satan. Celui qui a toujours double cœur même quand il dit la vérité.
(…)

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