Le siècle, les hommes, les idées: La fin du parasitisme péquisto-bloquiste (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 20 juillet 2011.

par Luc Gagnon

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 32 / ÉTÉ 2011 ]

Gilles Duceppe

L’élection fédérale du 2 mai 2011 constitue un événement important dans l’histoire politique du Canada, car elle a provoqué la dissolution du Bloc québécois qui, au cours des vingt dernières années, a marginalisé le Québec à la Chambre des communes. Depuis le référendum de 1995, on ne comprenait plus la raison d’être de ce parti dirigé par un ex-marxiste, dont l’existence était justifiée, selon ses œcuméniques fondateurs Lucien Bouchard et Jean Lapierre, par le contexte de la crise du lac Meech (1988-1991). Les Québécois continuaient pourtant à élire ses députés massivement, s’imaginant que leur opposition idéologique et adolescente détruirait le Canada. Ce parti du Neandertal, comme l’a justement qualifié Conrad Black, refusait toute alliance politique avec les autres partis fédéraux et méprisait le bien commun du pays, en prétendant défendre « les intérêts du Québec », qu’il identifiait aux lubies paléogauchistes de ses dirigeants, Gilles Duceppe, Francine Lalonde et Pierre Paquette. Les autres députés, ceux de la « droite populaire », comme Ghislain Lebel ou Pierrette Venne, n’avaient qu’à se taire ou à partir, selon la bonne vieille solidarité marxiste-stalinienne.

Les Québécois se sont enfin débarrassés de ce cancer : quatre rescapés seulement sur la cinquantaine de députés élus aux élections fédérales de 2008 ! Personne n’avait prévu un tel raz-de-marée. Duceppe avait su imposer sa discipline de fer depuis plus de quinze ans et les Québécois semblaient hypnotisés par ses slogans vides : « Parlons Québec ! », « Le vrai pouvoir du Québec à Ottawa », « Un parti propre au Québec ! », Québec, Québec, Québec… Le Québec s’est réveillé. Il a propulsé contre toute attente à la Chambre des communes 58 députés du Nouveau Parti démocratique, autre parti du Neandertal de gauche, au plus grand étonnement des élus eux-mêmes ! Ce choix baroque ne doit pas nous troubler : il ne fait que manifester le mécontentement populaire face aux principaux partis de l’établissement politico-médiatique, de la même façon que les Québécois avaient promu subitement l’Action démocratique du Québec au rang d’opposition officielle à l’Assemblée nationale il y a quelques années. Comme l’a bien noté Mathieu Bock-Côté, ce vote est « populiste » et non pas socialiste.

Les archéosocialistes du NPD ne représentent pas la même menace que le Bloc québécois, car ils ne jouent pas avec la fibre nationaliste pour cacher leur socialisme. Certains députés des comtés les plus canadiens-français ne parlent même pas le français, tandis que d’autres sont étudiants en première année à l’université. Leur incompétence et leur manque d’à-propos apparaîtront rapidement et ils seront rayés de la carte électorale aux prochaines élections générales. Entre-temps, ils auront permis au Parti conservateur de former un gouvernement majoritaire (167 députés sur 308) et de diriger le Canada sans tenir compte de leurs ineptes commentaires. C’est le gouvernement le plus solidement ancré à droite au pays depuis celui de Diefenbaker (1957-1963), il y a plus de cinquante ans !

Le Bloc tirait toute sa force du courant nationaliste. Un sentiment national travesti et instrumentalisé assurément, mais qui constituait une base solide. Tous les grands politiciens québécois contemporains s’y sont appuyés : Maurice Duplessis, René Lévesque, Robert Bourassa, Lucien Bouchard. Mais pour que l’« extermination » du Bloc soit consommée, l’abolition de la subvention publique aux partis politiques, souhaitée par Éric Duhaime dans le Toronto Sun, ne sera peut-être pas suffisante.

Il faudra éventuellement un véritable mouvement conservateur et nationaliste au Québec, similaire peut-être à celui des années Borden. Le Parti conservateur ne s’est pas encore enraciné au Québec. D’ailleurs, que ce soit dans le domaine intellectuel ou politique, le conservatisme y est le fait d’un petit nombre. Pour percer politiquement, il devra se présenter sous des couleurs populistes ou nationalistes, comme à l’époque de Duplessis et de Camilien Houde. Il est sain que de faux conservateurs d’esprit libéral, comme Lawrence Cannon, Josée Verner et Jean-Pierre Blackburn aient été battus : le parti en sortira renforcé. La ministre Verner a fait honte plus d’une fois aux Québécois et aux conservateurs par son incompétence radicale et son impuissance politique. La serveuse de bar néodémocrate Ruth Ellen Brousseau, qui a célébré in english only à Las Vegas son élection au poste de député de Berthier-Maskinongé, n’accroîtra peut-être pas la gloire du Parlement fédéral, mais elle ne sera pas ministre !

La prochaine étape du combat politique québécois se situera au niveau provincial. Bernard Landry, plus volontariste que réaliste, considère que cette amère défaite bloquiste n’est qu’un détour vers la souveraineté. En fait, Pauline Marois et le Parti québécois sont dans une situation semblable à celle de Gilles Duceppe et du Bloc. Mme Marois, vieille politicienne désincarnée sans idée nouvelle et sans charisme, ressasse l’antienne du « pays à venir » qui ne vient jamais. Quant à son parti, en crise existentielle permanente, il n’attire que des politiciens professionnels médiocres, n’a pas de programme cohérent et précis, patauge dans un gauchisme social-démocrate dépassé et souffre du désenchantement de la jeunesse et de la population en général à son égard. Le PQ risque d’avoir à affronter un adversaire sérieux et redoutable, un ancien ministre issu de ses rangs qui veut renouveler le Québec selon les principes du conservatisme fiscal : François Legault. Les récents sondages indiquent qu’il pourrait attirer une forte proportion de l’électorat du PQ puisqu’il chasse sur les mêmes terres. Enfin, nous arriverons peut-être à nous débarrasser des « parasites politiques » dont parlait il y a quelques semaines le maire Jean Tremblay, ces politiciens péquistes qui, comme Mme Marois, occupent les sièges de l’Assemblée nationale depuis trente ans. Ils sont en totale rupture avec le Québec réel, qui n’a rien à faire des querelles politico-politiciennes entre Québec et Ottawa, mais qui, conscient de ses racines occidentales, françaises et catholiques, s’inquiète pour son avenir démographique, économique et politique. Pour surmonter ce véritable défi, il faut sortir, selon le mot de Lord Black, de « l’asile indépendantiste ».

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