Notes de lecture. Louis Bouyer, Les trente glorieuses. Articles et entretiens de France catholique (1957-1987)

Mise en ligne de La rédaction, le 10 juillet 2017.

Louis Bouyer, Les trente glorieuses. Articles et entretiens de France catholique (1957-1987), textes réunis et présentés par Sandra Bureau, Paris, Ad Solem, 2016.

par Benoît Miller

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 54/JUIN-AOÛT 2017]

Louis Bouyer

Louis Bouyer

Selon le Père Louis Bouyer, le dernier Concile n’a pas été bien reçu: ni par les «conservateurs apeurés» ni par les «novateurs survoltés». Ses papiers de France catholique comptent de nombreux sobriquets sur eux. Que ce soit des émissaires de l’«ultramontanisme» ou du «gallicanisme épiscopal», des «papalistes» ou des «conciliaristes», des agents de «momification» ou de «décomposition», des «intégristes» ou des «progressistes», des disciples du «fixisme recroquevillé» ou de la «plasticité amorphe», ce ne sont que des «fanatiques de l’un et l’autre bord». Pleurant le déclin irrémédiable de l’Église ou souriant à sa conversion vers le monde, les anciens et les modernes anticipent une liquidation de Rome – préludée ou désirée. Le Père Bouyer ne souffre pas plus l’emprise tenace des archéo-catholiques qui ne veulent respirer qu’à une forme immuable du rituel sur une planète géocentrique que celle des néocatholiques qui ont décidé d’abattre rondement le sacré par le sursaut ridicule du yéyé liturgique. Il ne se réclame formellement d’aucun camp: ni de gauche ni de droite. Il ne s’aligne pas non plus sur un centre tiède qui chevrote, d’un oui ou d’un non, une paix aussi fallacieuse que la dualité qui sévit encore de nos jours dans nos diocèses. Quitte à se faire traiter d’«augustinien demeuré» par les uns ou de «janséniste qui s’ignore» par les autres, il écoute l’Église militante (conciliaire) et défend, d’une même énergie, sa part inaliénable dans la caducité du temps et sa vie changeante devant l’inaltérable Éternité. Il impressionne le lecteur en démasquant la modernité cachée des conformistes et la facture désuète des originaux. Mais le chroniqueur de l’hebdomadaire ne cherche pas la raison triomphaliste. Il hausse toujours le débat au-delà de ces rivalités étouffantes où chacun des querelleurs n’entend misérablement que l’écho de sa propre parole. À cette enseigne, la charge de Maurice G. Dantec, dans son journal métaphysique et polémique, vaut aussi bien pour cet homme de vérité et de foi: «J’ai conquis ma liberté sans vos prothèses.»
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