La France et nous

Mise en ligne de La rédaction, le 10 juillet 2017.

par Jean Renaud

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 54/JUIN-AOÛT 2017]

Hollande et Macron

Hollande et Macron

J’ignore si c’est une bonne idée de donner trop d’importance à la dernière élection présidentielle française. Les hasards de l’urne y ont eu leur part. Mais qu’elle ait ou non une valeur emblématique, elle est à tout le moins l’occasion de considérer l’état de la France. Le président sortant, François Hollande, laïciste, libre-penseur, prudent, rusé et même retors, conservateur au fond (surtout de lui-même), représentait une forme altérée, semi-burlesque, mais discernable, de cette vieille France radicale-socialiste, anticléricale et patriote (Édouard Herriot a déjà avoué que le sentiment de la patrie était tout ce qui lui restait de religion), habile à prolonger autant qu’à dissimuler la décadence française, obsédée par son anticatholicisme (rappelons-nous «Le cléricalisme, voilà l’ennemi!» de Gambetta), attentive à de petits intérêts, capable par son armature maçonnique de trucage, d’intrigue, de manipulation, de manœuvres électorales fructueuses. Hollande fut un digne héritier de la République profonde, rassurant par sa médiocrité même. «Je crois que la France est radicale », disait en 1923 le nationaliste Maurice Barrès à Albert Thibaudet. «La domination radicale et radicale-socialiste est proprement un césarisme, nommément un multicésarisme de comités électoraux», écrivait pour sa part Péguy, en 1910. Ces comités électoraux évoqués par Péguy sont les enfants des sociétés de pensée décrites par l’illustre historien de la Révolution Augustin Cochin (redécouvert par François Furet), qui ont transformé la France «en une vaste loge, – l’opinion sociale substituée à l’opinion réelle, – le machinisme à l’autorité, – l’ordre mécanique à l’ordre moral, – l’impulsion subie à l’autorité reconnue, – la liberté de principe et la servitude de fait, à l’obéissance de principe et l’indépendance de fait». Aujourd’hui le Grand Orient, qui fut longtemps «la capitale du monde des nuées», comme le qualifiait Cochin, a été remplacé par les coteries environnementalistes et LBGT. Mais ces dernières diffusent les mêmes nuées, pratiquent les mêmes manipulations et appliquent le même esprit géométrique. Par son dynamisme, le nouveau président français est plus près toutefois de l’esprit fondateur de la République et des sociétés de pensée que son prédécesseur, qui juxtaposait en lui qualités et défauts du roublard, du paralytique et du réformateur. Emmanuel Macron est un Hollande rajeuni et mis à jour.
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