Notes de lecture. Ivan Rioufol, La guerre civile qui vient

Mise en ligne de La rédaction, le 16 août 2016.

Ivan Rioufol, La guerre civile qui vient, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2016.

par Matthieu Lenoir

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 51/JUIN-SEPTEMBRE 2016 ]

La guerre civile qui vient

«Quarante ans d’hystérie xénophile » et, si l’on en juge par ce qui se dit et surtout par ce qui se tait depuis les massacres de 2015 à Paris et celui de 2016 à Bruxelles, cette pathologie du système immunitaire européen a malheureusement du mal à reculer devant l’évidence. Ivan Rioufol, courageux et solitaire lanceur d’alerte au quotidien parisien Le Figaro, démontre dans son dernier ouvrage, La guerre civile qui vient, que le totalitarisme islamiste, qui s’est installé à la faveur de l’effondrement des défenses mentales du continent, a pris une dimension apocalyptique. Que le couple infernal haine de soi-haine de l’autre, la première rongeant les pays chrétiens d’Europe, la seconde portée par la version suprémaciste et nihiliste de l’islam, est le ventre fécond depuis lequel la bête prépare de nouveaux forfaits.

Cette «haine de soi» occidentale, développée et maintenue malgré la paranoïa et le sectarisme adverse, s’épanouit dans l’effarante novlangue dissimulatrice, le refus de voir, la déréalisation d’élites au service d’une utopie mondialiste, matérialiste et marchande que met à nu le livre-choc de Rioufol. Comme chez Sévillia, Zemmour, Finkielkraut ou Villiers, la force, l’arme de Rioufol est sa mémoire. Son remarquable travail de journalisme et d’archivage restitue des faits et propos issus de cette histoire récente que le souvenir commun tend déjà à oublier sans que les historiens l’aient encore investie. Aux élites désintellectualisées ivres de leur présentisme hors sol, perchées dans des jets les projetant de résidences exotiques en citadelles métropolitaines, il restitue leurs propos, leurs oukases, leurs censures, leur verbiage, leurs sentences multiculturalistes qui résonnent, au révélateur sanglant des massacres jihadistes, comme autant d’apostasies et de trahisons. Dire l’histoire des clercs qui nient l’histoire.

«Dieu est trahi», osait Hollande transmué en islamologue de pacotille le 27 novembre 2015 après les tueries de Paris qui firent 130 morts. «Je ne parlerai jamais d’ennemi intérieur», glapissait son ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian le même jour.
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