Notes de lecture. Philippe Muray, Ultima Necat I, Journal intime 1978-1985

Mise en ligne de La rédaction, le 4 avril 2016.

Philippe Muray, Ultima Necat I, Journal intime 1978-1985, Paris, Les Belles Lettres, 2015

par Michel Gabriel Léon

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 50/MARS-MAI 2016 ]

Philippe Muray

Lire les ouvrages de Philippe Muray revient à naviguer sur un fleuve. Plonger dans son journal, dont Les Belles lettres nous livrent le premier volume, revient à s’aventurer dans un torrent.

Le premier tome de ce journal intitulé Ultima Necat («La dernière tue») couvre la période 1978-1985, six cents pages denses qui s’adressent aux familiers de l’auteur du somptueux XIXe siècle à travers les âges, des Exorcismes spirituels, d’Après l’Histoire, de Chers Jihadistes ou de L’Empire du Bien. L’œuvre a été remarquablement colligée par Anne Sefrioui, l’épouse de Philippe Muray, qui apparaît dans le journal sous le pseudonyme de Nanouk. Cet ouvrage est un pont aux altitudes vertigineuses entre le plus intime et le plus élevé d’un écrivain qui s’est éteint en 2006 à seulement soixante ans.

Un voyage. Dans la pensée d’un homme sur une époque mais aussi dans les tourments d’un homme de son époque. «Écrire, c’est faire un bond hors de l’effervescence», confie-t-il (p. 61). Mais c’est y participer aussi. L’homme a double casquette, rédigeant parfois en une semaine des romans qui assurent sa subsistance sous un pseudonyme. Son style est marqué par cette quantité qu’il dénonce pourtant en raillant la société de «l’embouteillage», par des outils conceptuels et langagiers de l’époque, par des associations lacaniennes, des tics de la fin du XXe siècle. Sa complaisance pour un sexualisme, parfois pesant dans sa naïveté «psy», porte le sceau de ces années 1970. Son récent succès, dû à Fabrice Luchini dont les lectures ont attiré l’intelligentsia parisienne avide de se faire fouetter, le place désormais parmi les grands de la littérature critique.
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