Toujours rien

Mise en ligne de La rédaction, le 4 décembre 2014.

par Patrick Dionne

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 45 / AUTOMNE-HIVER 2014 ]

Milan Kundera

MILAN KUNDERA. – L’insignifiance, mon cher, en toute chose.
FRANÇOIS RICARD. – … Mais votre œuvre, maître!

Les cervelles ratatinées pullulent. On les croise partout, promenant leur néant sur les estrades, occupées à dérouler des théorèmes, fixer des pancartes, rentabiliser des calembours. On les reconnaît à leur prose sèche et racornie, à leur culte de la demi-idée, à leur radotage, à leur fanatisme satisfait, à leur affectivité rigide, à leur jugement sans consistance, à leur goût faisandé, à leur insensibilité aux réalités d’en haut. Dans les beaux milieux, on les baptise «intellectuels» ou «artistes». Ce sont les grands dispensateurs du rien en ce monde. Ils ont un auditoire à leurs pieds, prêt à s’émouvoir d’une crampe ou d’un bêlement, et les casuistes font la queue pour jurer de leur perfection morale et esthétique.

Ces terribles syllabes, rien, lancées à la face du ciel, me retombent sur la tête, fatalement, sous l’aspect du saumâtre Milan Kundera. Tout se passe comme si cette élection ne dépendait pas de moi: je cherche un autre nom, aucun ne vient. Le rien, c’est ma conviction, a trouvé un sanctuaire dans la cervelle et dans les livres de l’écrivain tchèque.
(…)

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