Notes de lecture. Gustave Thibon, Les Hommes de l’éternel

Mise en ligne de La rédaction, le 4 décembre 2014.

Gustave Thibon, Les Hommes de l’éternel , conférences au grand public (1940-1985) établies et présentées par Françoise Chauvin, Paris, Mame, 2012.

par André Désilets

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 44 / AUTOMNE-HIVER 2014 ]

Thibon inédit

Publier des notes de lecture à mes yeux, c’est avant tout rendre hommage à des maîtres, c’est s’inscrire dans une filiation où l’on aime citer ses sources, partager ses recherches, manifester son admiration… et admirer c’est découvrir «on ne sait quoi de fortifiant» (Hugo), loin du tumulte des modes et de l’effervescence de l’actualité. Au fond, il s’agit toujours de résister le mieux possible à la vulgarité des philistins, à l’intégrisme des barbus, à la tourbe des socialistes, à l’invasion des gorilles, à l’hystérie nationaliste, cette «pestilence des pestilences», écrivait Stefan Zweig avant de se suicider.

«Où va la civilisation?» demande Gustave Thibon tout au long de ses conférences. «Quand on ne croit plus en Dieu, observe-t-il en citant Chesterton, ce n’est pas pour ne croire en rien, c’est pour croire à n’importe quoi», la bêtise étant toujours motrice. Elle aime s’autocélébrer et, par là, devenir interventionniste. Pensons entre autres à ce qui se passe de nos jours avec la laïcité, la science et les utopies égalitaires, ces «âneries» que Léon Daudet détaillait avec une verve incontestablement talentueuse. Et Léon Bloy ne se gênait pas pour nous offrir un véritable répertoire des idées toutes faites, de la bêtise satisfaite, celle qui se sert de l’intelligence en figeant les formes et les concepts… comme si la vie devait s’arrêter.

Curieusement, l’homme moderne semble fasciné par tout ce qui contribue à l’aplatir: «l’excès de sécurité, la facilité, la distraction, l’automatisme – en bref tout ce qui, dans l’immédiat et pour le plus grand nombre, offre le plus d’attrait». Tout conspire à «oniriser» l’existence, note Thibon. On s’applique à fuir le réel, voire à se venger de lui, puisque son critère, dira Simone Weil, est «la dureté, la rugosité». D’où la popularité des politiques illusionnistes et de la tricherie dans tous les sens du terme.
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