Notes de lecture. Benoît XVI, Discours au monde

Mise en ligne de La rédaction, le 16 août 2014.

Notes de lecture. Benoît XVI, Discours au monde. Ratisbonne. La Sapienza. L’ONU. Paris. Prague. Londres. Berlin, textes choisis et présentés par l’abbé Éric Iborra, Perpignan, Artège, 2013.

par André Désilets

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 44 / ÉTÉ 2014 ]

Benoît XVI

Comme le notaient Alain Finkielkraut ou Bernard-Henri Lévy, dès que l’on parle de Benoît XVI, «la mauvaise foi, les partis pris et la désinformation (sans oublier l’ignorance crasse de notre his¬toire et de notre tradition) dominent toute discussion». Pourtant Benoît XVI n’a jamais ménagé ses efforts pour dissiper les malentendus, dénoncer les abus, répondre aux questions, favoriser le dialogue. Au fond, «il a voulu avant tout, si je reprends les termes de Luc Gagnon, donner un esprit et une orientation à l’Église quelque peu déboussolée dans la tempête du subjectivisme contemporain». C’est en ce sens que l’on doit lire les grands discours au monde de Benoît XVI, plus particulièrement ceux qu’il a adressés aux élites, aux représentants de la culture, du savoir et de l’université. Il rappelle, par exemple, «que foi et raison sont indispensables à la recherche de la vérité et que leur relation n’est pas accidentelle ou externe, mais essentielle et intrinsèque».

La question de la raison se trouve donc au cœur des propos de Benoît XVI. «La responsabilité propre de la raison ne disparaît pas dans la foi», déclare-t-il. Au contraire, c’est la foi qui lui donne sa dimension, l’ouvre à ce qui dépasse l’homme en tant qu’individu et en tant que nature; elle le rend capable d’écouter la Parole et d’acquiescer, comme le fit Marie par son fiat et par sa vie, à l’In-carnation, à la Vérité, à la Liberté. La foi apparaît ainsi comme un dépassement de la raison, commandé par la raison elle-même dès qu’elle touche à sa limite. Lors de son discours à l’Université de Ratisbonne, Benoît XVI affirme : il faut franchir «la limite autodécrétée par la raison à ce qui est vérifiable par l’expérience», et réinvestir toutes les dimensions de l’être. Car si la raison se ferme sur elle-même «en fonction de sa propre argumentation et de ce qui sur le moment la convainc et – préoccupée de sa laïcité – se détache des racines qui la font vivre, elle n’en devient pas alors plus raisonnable ni plus pure, mais elle se décompose et se brise». Du même coup, l’homme ne pourra s’interdire de travailler à sa propre disparition.
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