Égards

par Édouard Divry, O.P.

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 31 / PRINTEMPS 2011 ]

Cet article est paru initialement dans Angelicum, n° 87, 2010. Nous remercions Angelicum de nous permettre de le reproduire. (NDLR)

Comment résister au tsunami du mauvais dialogue interreligieux ? Quelques propositions nécessaires à une saine théologie des religions

Se détacher du Zeitgeist, de l’esprit du temps. Il est nécessaire de repousser la dogmatisation prégnante de la pensée faible et de se distancer de l’opposition systématique au Magistère, qui constitue un refus radical de l’autorité. Après avoir cru observer des limites et des silences de Vatican II sur la question des religions, des auteurs ont invoqué une contextualisation arbitraire pour éliminer des formules conciliaires, qualifiées déjà d’obsolètes, telle l’affirmation que la « vraie religion » subsisterait dans l’Église catholique (Dignitatis humanæ (DH), n° 1, § 2) à l’instar de la subsistence de l’unique véritable Église dans l’Église catholique (Lumen gentium (LG), n° 8).

Bien que le document pontifical, in forma commune, du Conseil pour le dialogue interreligieux et de la Congrégation pour l’évangélisation, Dialogue et annonce (1991), n’appartienne pas au Magistère ordinaire universel de l’Église, d’aucuns pensent y découvrir le signe d’un passage irréversible du paradigme de l’accomplissement au paradigme de l’inclusivisme au sens rahnérien, c’est-à-dire une présence active du Christ dans et par les traditions religieuses non chrétiennes ( Jacques Dupuis). Quant à Jean-Paul II, il aurait réintégré, après une position plus ouverte dans Dominum et Vivificantem (1986) et Redemptoris Missio (RMi, 1990), la théologie de l’accomplissement dans Tertio millennio adveniente (n° 6, 1994), amenant ainsi certains critiques à suggérer que cette période pontificale serait marquée par l’incohérence ou la régression sénile.

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