Le siècle, les hommes, les idées. La barbarie belge (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 18 mai 2014.

par Paul-André Deschesnes

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 44 / PRINTEMPS 2014 ]

La barbarie belge

Le 13 février 2014, la Belgique est passée au rang des États les plus décadents de la planète.

Au terme de discussions vives et mouvementées à la Chambre des députés, ce pays est devenu le second, après les Pays-Bas, à autoriser l’euthanasie des enfants. Les 86 députés qui ont voté pour (44 étaient contre et 12 se sont abstenus) permettront à la Belgique de poursuivre son institutionnalisation de la culture de la mort.

Au cours des derniers mois, les sondages populaires ont révélé l’état des consciences. Aussi incroyable et dégoûtant que cela puisse paraître, 74% de la population s’est prononcée pour l’euthanasie des mineurs quel que soit leur âge, malgré une opposition ferme de la hiérarchie catholique contre cette loi inique.

L’heure est grave. Il est temps d’enlever nos lunettes roses et de voir que le monde occidental sombre dans la barbarie.

Il y a quelques décennies, rappelons-nous, l’avortement n’était pas un droit de l’homme et le mariage gai n’existait nulle part. En quelques années, ce fut un véritable revirement. L’avortement, maintenant socialement accepté et répandu dans tous les pays dits très avancés, s’est imposé comme un succulent bonbon pour libérer la femme moderne. Les balises ont été balayées à la vitesse de l’éclair pour en arriver finalement à l’avortement sur demande. Quant au mariage gai, jamais dans l’histoire de l’humanité n’a-t-on vu un aussi fulgurant lavage de cerveau qui, en un rien de temps, a fait avaler aux populations occidentales le massacre en règle du mariage traditionnel.

Aujourd’hui, on sanctifie l’euthanasie, façon jovialiste et postmoderne de mourir sans souffrance, au moment jugé opportun. Mais qui aurait pu prévoir que la bêtise humaine irait jusqu’à revendiquer l’euthanasie pour les enfants?

Au lendemain de l’adoption de cette loi ignoble, les médias saluaient le «courage» du Parlement belge. Il était ahurissant d’entendre les énormités débitées sur les réseaux de télévision européens. On ronronnait de satisfaction. Les bêtises se succédaient: «Les enfants très malades pourront enfin mourir dans la dignité; euthanasier une personne souffrante est un geste civilisé; les parents seront déchargés du fardeau de voir leur enfant souffrir; les enfants malades n’auront plus à supporter les comparaisons pénibles avec les enfants dits normaux et en bonne santé», etc.

La Belgique vient de poser un geste dramatique avec la légalisation de l’euthanasie des enfants malades, quel que soit leur âge; même les Pays-Bas ne sont pas allés aussi… bas: l’âge minimum pour être euthanasié a été fixé à 12 ans. Mais on regarderait actuellement du côté de la Belgique et la balise des 12 ans pourrait bien sauter d’ici quelques mois.

Les balises! Quelle farce subliminale et monumentale! Aujourd’hui, les Belges se lavent les mains et la conscience en disant que la nouvelle loi est parfaitement encadrée afin de protéger les enfants. Voilà de belles idioties. On sait bien que lorsque la porte est ouverte, les balises sont contournées les unes après les autres. Dans quelques années, ce sera «bar ouvert» et tous les motifs (handicaps physiques et intellectuels, mal de vivre, problèmes psychologiques, infirmités, etc.) finiront par être valables pour faire euthanasier un bébé, un enfant ou un jeune adolescent. On le voit avec l’avortement. On le vit de plus en plus dans les pays où l’euthanasie est légale: les balises disparaissent graduellement, soumises aux variations de l’humeur citoyenne.

Quel message cette loi perverse envoie-t-elle aux enfants et aux parents belges? Que la vie d’un enfant malade n’a aucun sens, aucune valeur; que c’est un poids pour les parents, la famille et la société. Il faut cacher, éliminer ces enfants qui dérangent sous prétexte que cette souffrance physique ou psychologique est insupportable.

L’euthanasie chez les adultes est de plus en plus populaire en Europe. En Belgique, le nombre de cas n’a pas cessé d’augmenter depuis dix ans. En 2003, 259 euthanasies ont été rapportées officiellement; en 2012, on a procédé à 1133 mises à mort. Mais ces chiffres dits officiels ne sont pas conformes à la réalité, car les médecins, en Belgique, en Suisse et aux Pays-Bas, ne sont pas obligés de consigner les actes d’euthanasie. Peut-être faut-il multiplier par deux ou par trois ces menteuses statistiques gouvernementales. La progression est constante et rien ne semble vouloir arrêter cet engouement pour la «belle mort». Il est fort probable que l’euthanasie des enfants suivra la même courbe ascendante; les enfants trop malades dérangent les adultes qui ont bien d’autres choses à faire que d’être des parents.

Quant à la terrible souffrance des enfants malades, tous les médecins compétents, sérieux et objectifs nous répètent que la médecine moderne dispose de toute la quincaillerie nécessaire pour la soulager efficacement. Évidemment, l’euthanasie reste le moyen le plus expéditif…

Après l’exécution des enfants à naître dans le ventre de leur mère, la Belgique vit maintenant à l’heure de l’exécution des enfants malades sur l’ordre des parents qui se vantent de poser un geste de civilisation.

Le Québec a les yeux tournés vers la Belgique. L’Assemblée nationale veut légaliser bientôt l’euthanasie pour les 18 ans et plus; les balises finiront par être ignorées, au gré des caprices du bon peuple. Quant aux adolescents, aux enfants et aux bébés, je suis convaincu qu’eux aussi sont dans la mire du législateur québécois et des citoyens compatissants de la belle province. Un jour ce sera leur tour.

Nous avons fait de grands pas en avant depuis cinquante ans. En effet, nos sociétés disjonctées approuvent l’euthanasie des personnes âgées et des malades, trouvent normal et banal l’avortement, le mariage gai, le divorce, etc.

Est-ce bien le monde nouveau voulu par Dieu? Est-ce bien la Bonne Nouvelle enseignée et apportée par Jésus-Christ?

Les pays occidentaux en sont là. Saint Paul avait annoncé tout cela dans sa deuxième épître à Timothée: «Un temps viendra où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine, mais au contraire, au gré de leurs passions et l’oreille les démangeant, ils se donneront des maîtres en quantité et ils se détourneront de la Vérité pour se tourner vers les fables.»

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