Le siècle, les hommes, les idées. Un projet de foi inclusif (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 18 mai 2014.

par Monique David

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 44 / PRINTEMPS 2014 ]

La porte sainte de Québec

Pendant que le gouvernement québécois délibérait sur une charte qui prétend défendre les valeurs de laïcité et de neutralité religieuse de l’État, le diocèse de Québec a inauguré, le 8 décembre dernier, une Porte sainte en commémoration du 350e anniversaire de la paroisse Notre-Dame de Québec, la première paroisse catholique en Amérique du Nord. La porte est percée à même le mur de la basilique-cathédrale Notre-Dame de Québec, dans la chapelle du Sacré-Cœur. Elle est l’œuvre du sculpteur Jules Lasalle. Le directeur artistique, Cyrille-Gauvin Francoeur, a expliqué que l’artiste a choisi de transpercer la porte de bord en bord par une croix de verre qui laisse passer la lumière, en symbole de la foi.

Il s’agit de la septième Porte sainte dans les vingt siècles d’histoire de l’Église catholique, un privilège rare accordé par le Vatican, la première en dehors de l’Europe: quatre étant à Rome, une à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne et l’autre à Ars en France.

On est bel et bien dans le domaine de la foi lorsqu’on parle de Porte sainte. Celle-ci s’inscrit dans une démarche de transformation intérieure; elle symbolise le passage de l’avant et de l’après pour qui entreprend ce chemin spirituel; elle évoque l’accueil et l’hospitalité.

Dans une société qui conçoit la neutralité religieuse comme une façon d’éradiquer la foi de la place publique, voici qu’en 2014 l’archevêque Gérald Cyprien Lacroix inaugure une année jubilaire pour le diocèse de Québec. Les organisateurs des Fêtes estiment que la Porte sainte et les activités entourant le 350e de la paroisse feront converger vers Québec des milliers de touristes en plus du million de visiteurs par an que reçoit habituellement la cathédrale. On parle de retombées économiques d’environ 60 millions de dollars.

Comme d’innombrables initiatives de l’Église au cours des vingt derniers siècles, cet événement touche, d’une façon ou d’une autre, la culture, l’histoire, la politique, la sculpture, l’économie, le tourisme, la musique, l’architecture, le paysagisme, et j’en passe.

Dans le message de celle qui était alors première ministre, Pauline Marois, concernant cette année jubilaire, on retrouve les mots «patrimoine collectif», «culture», «symbole», «valeurs», mais le mot essentiel est absent: foi. Mme Marois aurait dû reconnaître qu’il n’y aurait ni patrimoine collectif ni célébrations si ce n’était de la foi de nos ancêtres et… de la nôtre. C’est comme parler de nos richesses en électricité en faisant abstraction des cours d’eau qui la produisent.

La foi, aujourd’hui comme par le passé, ne peut être confinée entre quatre murs. La foi a érigé des cathédrales, assisté des malades, des lépreux, des sans-abri, construit des hôpitaux, des écoles. Sous son impulsion, des artistes ont peint des voûtes, des musiciens (Monteverdi, Bach, Beethoven, tant d’autres) ont composé des messes, des sculpteurs ont taillé la pierre pour illustrer des thèmes bibliques (qu’on pense au Moïse ou à La Pietà de Michel-Ange). La foi bien vécue et bien intégrée dans le tissu social est porteuse de dynamisme. Les célébrations entourant ce 350e en sont un exemple.

Vous reconnaîtrez l’arbre à ses fruits. Le projet avorté de Charte de la laïcité a mené à la division; la Porte sainte est appelée à unir.

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