Le siècle, les hommes, les idées. L’euthanasie ou le miracle économique du Parti Québécois (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 16 février 2014.

par Paul-André Deschesnes

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 42 / HIVER 2013-2014 ]

Euthanasie

Depuis plusieurs mois, le débat sur l’euthanasie fait rage au Québec. Malgré les arguments très sages et très étoffés des adversaires de l’euthanasie, je me suis demandé pourquoi l’opinion publique – favorable à 80% – n’arrivait pas à changer d’idée sur cette question. J’ai aujourd’hui ma réponse.

Le Québec laïciste, athée et jovialiste vit un moment historique. Son système de santé tombe en ruine. Bientôt on consacrera 50% du budget de la province aux soins de santé. La population vieillit à la vitesse d’un TGV. Et l’on compte très peu de naissances (mais 30000 avortements par année).

Dans nos établissements de santé, le personnel soignant (médecins, spécialistes, infirmières, préposés) vit l’enfer au quotidien dans un climat angoissant. Le gouvernement québécois, au bord de la faillite, n’arrête pas de couper à tous les niveaux. Le système est à bout de souffle. L’anarchie et le chaos le guettent. Chaque jour les journaux et la télévision nous informent de toutes sortes d’histoires d’horreur (erreurs médicales, patients maltraités et même empoisonnés, malades qui meurent sur une civière à l’urgence après vingt-quatre heures d’attente ou qui crèvent chez eux en attendant d’être opérés, etc.). Le gouvernement rassure la population en faisant jouer sa cassette: «C’est un incident isolé».

Un peu partout, on fait maintenant appel à des bénévoles pour prendre soin des malades devant l’incapacité et le manque de volonté chroniques de l’État. Depuis deux ans, le gouvernement annonce avec tambours et trompettes que la solution serait le maintien à domicile des malades. Mais pour réussir cet exploit, il faut des ressources et de l’aide concrète afin de leur permettre de rester chez eux en toute sécurité. Or le gouvernement de Pauline Marois, oubliant ses belles promesses, a coupé même dans les services à domicile! Une incroyable contradiction!

Après avoir déposé son projet de loi sur l’euthanasie, le gouvernement péquiste a bien préparé la population en répétant que le budget consacré aux soins de santé était trop élevé et que ce sont surtout les personnes âgées qui en sont responsables.

Depuis un an, j’ai rencontré de nombreux aînés qui ont finalement accepté l’idée de se faire euthanasier quand ils seront assez malades. J’ai compris que tous ces gens sont maintenant très résignés devant le marasme qui fait rage dans le système de santé.

La peur de souffrir, d’être un poids pour la société et d’être maltraités en tombant dans les griffes d’un système aussi inhumain les rend encore plus malades. En voyant les horreurs dans les hôpitaux et les centres d’accueil, ils s’écrient: «Je ne veux pas vivre cela!». La perspective d’une fin de vie épouvantable les terrifie. Et ils acquiescent au projet de loi sur l’euthanasie, au grand plaisir du gouvernement.

Avec cette diabolique stratégie (laisser le système de santé se dégrader), le Parti Québécois gagne électoralement. Mme Marois est en tête dans tous les sondages populaires. Les gens bien portants sont très favorables à l’euthanasie; ce ne sont pas eux qui recevront la piqûre finale (du moins pour l’instant), ce sont ceux et celles qui coûtent cher à l’État québécois, c’est-à-dire les personnes âgées qui se sentent coupables. Alors, l’état des finances publiques prendra du mieux.

Le gouvernement a laissé le système de santé se détériorer, sorte de promotion indirecte de l’euthanasie, «solution» facile, populaire et rentable, au lieu de fournir aux malades des soins palliatifs et des soins à domicile de qualité.

Le Québec en est là! L’euthanasie sera-t-elle le remède miracle qui permettra à la province de boucler son budget, de remplir ses coffres et d’éviter la faillite?

Une société et un gouvernement qui font de tels calculs n’ont plus rien d’humain. La culture de la mort progresse là où l’argent a plus d’importance que le respect de la vie.

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