Le siècle, les hommes, les idées. Que se passera-t-il quand notre dernière heure arrivera? (texte intégral)

Mise en ligne de La rédaction, le 17 novembre 2013.

par Paul-André Deschesnes

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 41 / AUTOMNE 2013 ]

Jérôme Bosch-L'enfer (détail)

La proposition 1513 du Catéchisme de l’Église catholique dit ceci: «La constitution apostolique Sacram unctionem infirmorum du 30 novembre 1972, à la suite du deuxième Concile du Vatican, a établi que désormais, dans le rite romain, on observe ce qui suit: “Le sacrement de l’onction des malades est conféré aux personnes dangereusement malades en les oignant sur le front et sur les mains avec de l’huile dûment bénite”».

Le Prions en Église, dans son édition du 3 février 2013, affirmait quant à lui que «ce sacrement est trop souvent associé aux derniers instants de la vie d’une personne» et «qu’autrefois, on parlait de l’extrême-onction ou des derniers sacrements, des expressions qui tendent à disparaître».

En quelques décennies, on a complètement dénaturé ce sacrement. Annuellement, dans beaucoup de paroisses du Québec, on invite les gens à participer à la cérémonie de l’onction des malades lors d’une messe dominicale. Tout le monde est invité à recevoir le sacrement, sans aucun discernement. Et chacun finit par se trouver un petit bobo qui justifie une onction. Plusieurs paroissiens bien portants la reçoivent même à titre préventif!… et les prêtres approuvent ces comportements. On a fait de ce sacrement une sorte d’happening religieux qui trahit le sens véritable de l’onction des malades, tel qu’enseigné par le Magistère.

Je me rappelle très bien cet événement, gravé dans ma mémoire: j’avais quinze ans, et à deux coins de rue de mon domicile, une voiture était entrée en collision avec une motocyclette; couché par terre et gravement blessé, le pauvre motocycliste attendait l’arrivée de l’ambulance et des policiers. Quelle ne fut pas ma surprise de voir surgir à toute vitesse, en premier, le vicaire de ma paroisse qui a prodigué au malheureux l’extrême-onction!

De telles scènes ne se voient plus de nos jours. Le bon prêtre risquerait d’être poursuivi pour avoir posé un geste qui va à l’encontre de la laïcité de l’espace public. Aujourd’hui, dans notre société païenne, quand un grave accident se produit, on appelle le psychologue, le fleuriste ou le vendeur de nounours sur les lieux du drame.

Un simple coup d’oeil sur le feuillet paroissial de certaines paroisses révèle l’ampleur du désastre. À la rubrique «offre de services», on lit : «Pour le sacrement des malades à domicile, prendre rendez-vous en appelant au secrétariat»…

Maintenant que nos prêtres sont devenus, pour beaucoup, des fonctionnaires qui gèrent la décroissance, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils portent jour et nuit l’onction des malades aux personnes en danger de mort. Tout cela est passé de mode. Le sentiment d’urgence est totalement disparu.

Connaissons-nous beaucoup de catholiques dans les hôpitaux, les foyers de personnes âgées ou même dans nos familles qui s’empressent d’appeler un prêtre pour permettre à un grand malade en danger de mort de recevoir l’extrême-onction?

On ne parle plus de cela dans les paroisses du Québec!

Mais pourquoi s’inquiéter? Notre religion jovialiste ne nous dit-elle pas régulièrement que tout le monde va directement au Ciel, qu’il n’y a ni Enfer, ni Purgatoire et ni Jugement particulier?

L’extrême-onction n’ayant plus sa place, on célèbre à l’occasion l’onction collective dans une atmosphère festive! Or les prêtres qui enseignent que cette nouvelle façon de procéder répond à l’esprit de Vatican II sont dans l’erreur.

Voilà pourquoi à peu près personne aujourd’hui ne se demande si le défunt a reçu le sacrement de l’extrême-onction avant sa mort. Ce n’est plus important!

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