Notes de lecture. Christopher Lasch, Un refuge dans ce monde impitoyable. La famille assiégée

Mise en ligne de La rédaction, le 17 novembre 2013.

Christopher Lasch, Un refuge dans ce monde impitoyable. La famille assiégée , Paris, François Bourin Éditeur, 2012.

Par Matthieu Lenoir

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 41 / AUTOMNE 2013 ]

Christopher Lasch

Paru en 1978 dans sa première édition américaine, Un refuge dans ce monde impitoyable – La famille assiégée était un pavé dans la mare de la bien-pensance sociologique, alors en plein épanouissement sur les brisées du néomarxisme postsoixante-huitard. Son auteur, Christopher Lasch, paraissait d’autant plus scandaleux qu’il était un lecteur de Marx et de Freud et un familier des théories explicatives du monde humain fournies à l’envi par le scientisme contemporain.

L’ouvrage ne se départit pas de la culture universitaire de son auteur. Il passe en revue, avec méthode, les grands auteurs du XXe siècle sur le sujet de la famille et de la psychologie de ses membres. Il analyse leurs travers, le retard relatif de leurs systèmes. Il propose son interprétation du statut et de l’état de la famille à l’époque des travaux en question.

On découvre ainsi que la description de la «famille nucléaire refuge» au début du XXe siècle, censée offrir une protection face à l’ordre productiviste concurrentiel et traumatisant, était déjà en voie de dissolution lorsque les divers théoriciens la décrivaient. Plus avant, on constate à quel point l’ordre consumériste imposé par le modèle d’après-guerre dans la seconde moitié du XXe siècle, libère moins la personne au sein de la famille qu’elle n’aliène sa psyché. «La liberté sexuelle sous le capitalisme ne conduit pas à l’autonomie personnelle, mais à l’obligation universelle de jouir et d’être objet de jouissance», écrit Lasch. Quant aux relations intrafamiliales, elles se voient littéralement colonisées par la «grande tentation» de l’appropriation individuelle portée par la culture dominante de la réussite matérielle et par l’invasion sournoise du «thérapeutisme» psychiatrique et relationnel vénéré par la société du «bien-être» social.
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