Notes de lecture. William D. Gairdner, The Trouble with Canada… Still – A Citizen Speaks Out

Mise en ligne de La rédaction, le 21 janvier 2011.

William D. Gairdner, The Trouble with Canada… Still – A Citizen Speaks Out, Toronto, Key Porter Books, 2010

Par Richard Bastien

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 30 / HIVER 2010-2011 ]

Même si le titre qui vient de paraître rappelle celui de 1990, il s’agit bel et bien d’un nouvel ouvrage. Certes, The Trouble with Canada… Still aborde la plupart des thèmes traités antérieurement, mais à la lumière de l’actualité économique et politique des vingt dernières années ; aussi le regard de l’auteur se révèle beaucoup plus perçant. La réflexion de Gairdner est comme un bon vin – elle se bonifie en vieillissant.

Le livre se divise en deux parties, la première établissant un diagnostic général du mal qui ronge le Canada depuis un demi-siècle, la deuxième portant sur les manifestations de ce mal dans divers domaines.

Dans la première partie, Gairdner observe que la vieille dichotomie droite-gauche est encore appliquée dans la majorité des pays occidentaux (entre partis de tendances libérale et conservatrice dans les pays de tradition britannique, ou démocrate et républicaine aux États-Unis), mais que la problématique politique tend malgré tout à se déplacer vers la gauche, c’est à-dire vers l’étatisme intégral. En témoigne l’évolution des partis conservateurs canadiens, comme le Parti réformiste de Preston Manning et l’actuel Parti conservateur du Canada, qui n’ont pas osé s’attaquer au monopole de l’État dans le secteur de la santé, ni s’inscrire en fauxcontre le prétendu droit des femmes de se faire avorter aux frais du contribuable. Gairdner constate que « même les membres des partis conservateurs sont, le plus souvent, de stricts conservateurs fiscaux, qui n’hésitent pas à se poser en champions du gauchisme ou de l’étatisme » (ma traduction), l’exemple le plus patent à cet égard étant celui de l’ancien premier ministre Brian Mulroney, qui a rivalisé, à l’époque, avec son prédécesseur libéral pour accroître les dépenses de l’État.

Ce phénomène n’est pas propre au Canada. À peu près partout en Occident, on est de plus en plus démocrate et de moins en moins libre, on glisse vers un interventionnisme sans frein et une multiplication des sanctions à l’endroit de ceux qui transgressent l’orthodoxie de l’État. Loin de promouvoir la liberté, les États qui se réclament de la démocratie réglementent tous les aspects de la vie quotidienne et limitent les possibilités du citoyen à vivre selon ses préférences personnelles. Ici, Gairdner prend soin de signaler qu’il ne défend pas une conception libertaire de la société. C’est un véritable conservateur : la liberté qu’il souhaite conserver est avant tout celle des institutions de la société civile, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux antérieurs à l’État. Une société saine repose sur la capacité de personnes libres et responsables à constituer des familles, des collectivités, des communautés religieuses, des hôpitaux, des oeuvres sociales qui, au lieu de s’en remettre à l’État pour assurer leur survie, agissent en toute autonomie. L’esprit conservateur n’exalte aucunement la liberté personnelle au détriment de la solidarité. Il cherche à faciliter l’expression de cette solidarité dans le cadre d’initiatives locales, en dehors de toute assistance étatique.
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