Foi et raison : interdépendance ou dichotomie ?

Mise en ligne de La rédaction, le 22 juillet 2012.

par Richard Bastien

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 36 / ÉTÉ 2012 ]

Richard Bastien

Un ami juif m’envoyait récemment une lettre où il essayait de me convaincre que les discussions métaphysiques et religieuses ne mènent à rien parce que « juifs, protestants, catholiques progressistes ou conservateurs et musulmans proposent des systèmes de pensée qui n’ont rien de commun et qui sont même contradictoires. Cette opposition est confirmée par des persécutions périodiques et des guerres. Et les premiers à écoper sont invariablement les juifs. » Pour étayer sa thèse, cet ami juif non pratiquant aurait pu mentionner les guerres de religion des XVIe et XVIIe siècles ou le terrorisme islamique.

Cette idée que les croyances religieuses engendrent forcément des dissensions s’accorde avec le système du philosophe américain John Rawls, selon lequel tout ce qui relève de la métaphysique ou de la théologie doit être banni des débats publics. À ses yeux, les arguments d’ordre théologique et métaphysique reposent sur des principes non rationnels et ne peuvent se prêter à des compromis politiques. De tels arguments, estiment Rawls et ses disciples, peuvent même susciter des troubles sociaux ou de la violence sectaire. (Que les immenses atrocités commises au XXe siècle l’aient été au nom de « l’athéisme scientifique » est une donnée que l’on prend bien soin d’ignorer.)

Cette doctrine repose sur un postulat : la spiritualité, la théologie et la métaphysique n’ont rien à voir avec la raison et se réduisent à des jeux de sentiments et d’émotions. Il est tenu pour acquis que foi et raison sont complètement séparées.
(…)

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