Notice sur deux théologies politiques

Mise en ligne de La rédaction, le 22 juillet 2012.

Par Jean Renaud

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 36 / ÉTÉ 2012 ]

Donoso Cortès

« Le grand mérite de cet essai [Essai sur le catholicisme, le libéralisme et le socialisme de Donoso Cortès], écrit Orestes Brownson, est de déduire les principes politiques et sociaux de principes théologiques. » Une telle déduction définit ce qu’on pourrait appeler, après Carl Schmitt, mais dans une perspective différente, la théologie politique. Celle d’Orestes Brownson, comme celle de Joseph de Maistre, s’enracine dans une distinction fondamentale entre l’Église et l’État, entre le spirituel et le temporel, distinction ni inconnue ni méprisée par Donoso Cortès, mais qui joue un rôle mineur dans la pensée du diplomate espagnol, plus apte, à cause de la nature même de son génie, à deviner les transformations historiques concrètes qu’à dégager et préciser les principes normatifs.

Pour Brownson, comme pour Donoso, la religion est le premier besoin des sociétés, et les sociétés modernes ne font pas exception. Mais le catholicisme, selon le penseur américain, a ce privilège d’être capable de s’adapter sans se dissoudre ni se décomposer – au contraire des sectes protestantes – à ce que Le Play nomme les « convenances de la civilisation moderne ». Cette « possibilité » n’a guère été considérée par Donoso Cortès, pour qui l’essence de la modernité est l’irréligion.
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