Le siècle, les hommes, les idées. Emparons-nous de la terre

Mise en ligne de La rédaction, le 11 juillet 2018.

par Gary Caldwell

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 57/JUIN-AOÛT 2018]

Le curé Labelle et des colons

Le curé Labelle et des colons

À la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, il y eut au Québec un mouvement en faveur de ce qu’on appelait la «colonisation». Face à une émigration forte de la population québécoise vers la Nouvelle-Angleterre, le gouvernement et l’Église ont préconisé l’établissement des «sans terres» des villes sur des terres de «colonisation». Ce mouvement n’avait pas pour seul fondement idéologique la préservation de la population francophone au Québec, il était motivé également par la croyance qu’être propriétaire d’un lot de terre en campagne valait mieux qu’être un ouvrier en ville, sujet aux aléas de l’économie de marché. De plus, le fait d’être fermier exemptait l’homme de la conscription en temps de guerre.

À Ste-Edwidge de Clifton on a ouvert, dans les années 1930, un rang de colonisation. À qui appartenait ce rang auparavant? À la couronne? À une compagnie privée? Je ne le sais trop. Vingt-et-une fermes furent donc établies pendant les années trente et quarante. Les nouveaux tenanciers bénéficiaient dès lors d’un lot et d’un montant d’argent forfaitaire afin de bâtir une maison et acquérir des outils agricoles. Il y avait en outre sur ce rang situé à au moins cinq milles du village, une école primaire et un magasin général. Plus tard, il y eut, en plus, une usine de fabrication de bobines en bois. Tout ceci faisait partie de la stratégie qui visait à attirer le surplus de population de la vallée du Saint-Laurent. Par surcroît on souhaitait peupler quelques régions excentriques, comme l’Abitibi et le Lac-Saint-Jean.

Pour revenir à la «colonie de Ste-Edwidge», cette dernière s’est inscrite dans la petite histoire de son patelin au cours de la première moitié du XXe siècle. Aujourd’hui, trois quarts de siècles plus tard, ce rang qui recueillit jadis les nouveaux fermiers, est encore dénommé «la colonie». Il est d’ailleurs toujours habité.
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