Document. Alasdair MacIntyre, critique de la modernité

Mise en ligne de La rédaction, le 16 février 2014.

par Richard Bastien

[ EXTRAITS DU NUMÉRO 42 / HIVER 2013-2014 ]

After Virtue

Né en 1929 à Glasgow, en Écosse, Alasdair MacIntyre a poursuivi ses études de philosophie aux universités de Manchester et d’Oxford et commencé sa carrière dans l’enseignement en 1951 à l’université de Manchester. En 1971, il émigre aux États-Unis, où il enseigne dans plusieurs universités, notamment Notre Dame, Yale, Princeton et Duke. Son parcours intellectuel se distingue par sa diversité. Longtemps séduit par le marxisme et associé à des courants trotskystes au cours des années 1950 et 1960, il demande à être reçu dans l’Église catholique au début des années 1980. Maintenant âgé de 83 ans, il se définit comme un thomiste de tendance augustinienne et continue d’enseigner à Notre Dame.

Au cours d’une entrevue qu’il a donnée en 1991, MacIntyre a expliqué que jusqu’en 1977, il a vécu des années «fragmentées et souvent frustrantes et compliquées», mais qu’il s’est finalement «engagé sur la voie d’un projet unique, dont les pièces centrales sont Après la vertu, paru en 1981, Quelle justice? Quelle rationalité? paru en 1988, et Three Rival Versions of Moral Enquiry, paru en 1990». Huit ans après cette entrevue, un quatrième ouvrage intitulé Dependent Rational Animals: Why Human Beings Need the Virtues est venu compléter cette série.

Depuis vingt ans, MacIntyre a publié plusieurs autres ouvrages, notamment Marxism and Christianity (1995), Edith Stein (2005) et God, Philosophy,Universities: A Selective History of the Catholic Philosophical Tradition (2009). Toutefois, les quatre ouvrages mentionnés dans le paragraphe précédent, qui constituent ce que MacIntyre appelle son «projet unique», sont incontestablement les plus célèbres.

Après la vertu est le plus connu et le plus controversé des ouvrages de MacIntyre. C’est celui dont il sera question ici. Au cours des cinquante dernières années, peu d’ouvrages de philosophie ont connu un aussi grand succès. Son influence a été considérable, à tel point qu’on a même comparé l’influence de MacIntyre sur l’histoire de la philosophie morale à celle de Thomas Kuhn sur l’histoire de la pensée scientifique. Tout compte fait, on lui doit d’avoir redonné aux vertus une place de choix dans la vie intellectuelle de notre époque. C’est probablement ce qui explique qu’il existe une International Society for MacIntyrean Enquiry qui se réunit une fois l’an et qui s’est donnée pour mission d’approfondir la réflexion qu’il a amorcée.
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